“Une énorme déception” : Walt Disney détestait l’un de ses films d’animation
“Une énorme déception” : Walt Disney détestait l’un de ses films d’animation

“Une énorme déception” : Walt Disney détestait l’un de ses films d’animation

Créateur du studio qui porte son nom, Walt Disney n'arrivait pas à apprécier ce film d'animation, et ce avant même qu'il ne devienne l'un des gros échecs de la firme au box-office.

En plus d’avoir un univers plus farfelu que la majorité des autres films Disney, Alice au pays des merveilles présente une galerie de personnages parfois assez déstabilisants pour les enfants, et peut-être est-ce l’une des raisons de son échec au box-office. Mais saviez-vous que Walt Disney lui-même n’aimait pas le film, même lorsqu’il n’était qu’un projet sur l’étable de son équipe d’animation ?

Alice au pays des merveilles

Sortie :

21 décembre 1951

|
1h 13min

De
Hamilton Luske,
Wilfred Jackson,
Clyde Geronomi

Avec
Kathryn Beaumont,
Ed Wynn,
Richard Haydn

Spectateurs
3,8

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Dans son ouvrage Walt Disney: The Triumph of the American Imagination, l’auteur Neal Gabler revient en détails sur la fabrication du film et l’origine du projet expliquant ce désaveu.

Dès 1933, c’est l’actrice Mary Pickford qui propose à Walt d’adapter le roman de Lewis Caroll en mêlant animation et live-action, comme Disney le faisait déjà avec les courts métrages “Alice’s Comedies”, sortis dans les années 20, et déjà inspirés d’Alice au pays des merveilles. La comédienne propose une somme considérable à Walt pour financer le projet et le distribuer via la firme qu’elle avait co-créée, United Artists. Le producteur ne donnera pas suite. Trois ans plus tard, il rompt le contrat de distribution qui l’unissait à United pour se tourner vers la RKO, au parc de salles bien plus important.

Le roman Alice au pays des merveilles est tombé dans le domaine public, mais Walt achète tout de même en 1938 les droits de l’édition du livre illustré par John Tenniel. Nous sommes alors juste après la sortie de Blanche-Neige et les sept nains, un grand succès. Le projet va rester un projet en développement pendant de nombreuses années, avec un scénario passant d’un mélange live-action/animation à un film de pure animation et des auteurs qui s’arrachent les cheveux petit à petit.

L’un d’eux, le romancier Aldous Huxley, passe son temps à être coupé par Walt durant les réunions, et claque la porte au bout de cinq réunions d’écriture. Un autre, Bob Carr, trouve que le roman ne contient aucune histoire, et qu’Alice n’a “aucun caractère, elle est le clown blanc face à un groupe de comiques screwball. Aucun personnage principal ne devrait se retrouver dans cette situation intenable.”

Walt est bien conscient des problèmes : il ne parvient pas à trouver le look définitif d’Alice avec le département animation. Il trouve le personnage “trop froid, ne dégageant aucune chaleur”. Les animateurs, eux, travaillent en parallèle à ce projet et à Cendrillon, qui doit sortir dans les mêmes eaux. Ben Sharpsteen murmure même que Walt se sent obligé de mener le projet “qu’il l’aime ou non” parce que des “gens très sophistiqués” le pressent de le sortir.

Les scénaristes continuent de s’enchainer, et Walt admet qu’il abandonnerait si Peter Pan était prêt et pouvait prendre la place, sauf que ça n’est pas le cas. Son frère, Roy Disney, déteste le projet et aurait jeté l’éponge s’il était seul décisionnaire. En bref, tout le monde voit la catastrophe approcher, mais le film sort tout de même le 28 juillet 1951, soit un an et demi après Cendrillon et sept mois avant Peter Pan.

Au moment de sa sortie, Alice au pays des merveilles fait face à un autre Alice, lui aussi sorti au mois de juillet, réalisé par Dallas Bower avec Carol Marsh dans le rôle-titre et mélangeant live action et poupées. Walt essaye de s’y opposer, en vain. Au box-office, le long métrage ne rapporte que 2 millions de dollars pour 3 millions de budget.

Interviewé à propos de cet échec, Walt jugera s’être “piégé lui-même”, en décrivant le film comme une “énorme déception”. “C’est terriblement difficile de porter à l’écran la fantaisie”. Il ajoutera dans un autre entretien, toujours cité dans le livre de Gabler : “Nous ne ressentions rien, mais nous nous sommes forcés à le faire”.

Le film sera malgré tout redécouvert par la contre-culture des années 60 et réévalué. Sa sortie en VHS contribuera à sa popularité auprès des générations suivantes et validera que le film, comme beaucoup des classiques Disney, était en avance sur son temps.

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