L'acteur d'origine autrichienne Helmut Berger, connu pour ses rôles chez Visconti, s'est éteint ce jeudi 18 mai 2023. Il avait 78 ans.
Son nom est à jamais associé à celui de Luchino Visconti, pour lequel il avait joué dans Ludwig – Le Crépuscule des dieux, Les Damnés et Violence et passion. Helmut Berger est décédé ce jeudi 18 mai 2023. Il avait 78 ans.
La rencontre avec Visconti
Fils de propriétaires d’une chaîne d’hôtel, le jeune Helmut refuse de reprendre le business familial et se détourne de cet héritage professionnel. Il part à Londres où il exerce des petits boulots et devient serveur pour payer ses études d’art dramatique. Après s’être illustré dans quelques rôles secondaires en France et en Italie, sa carrière démarre en 1964. Il décroche un rôle dans La Ronde de Roger Vadim puis est repéré parmi une masse de figurants par Luchino Visconti lui-même sur le tournage de son film, Sandra. Selon d’autres sources, Berger aurait rencontré Visconti alors qu’il était serveur dans l’hôtel d’une station de sports d’hiver en Autriche.
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Toujours est-il que cette rencontre va bouleverser l’avenir d’Helmut Berger. Réputé pour sa beauté, il devient rapidement l’amant de Luchino Visconti et cette relation marque le début d’une grande carrière. Après un petit rôle dans un film à sketches, Visconti lui offre des perspectives d’une autre envergure. Il le façonne à son image et décèle en lui un côté “démoniaque, fou et sexuellement perverti”, qualités qu’il estime parfaites pour “incarner la perversion”.
C’est alors que Berger enchaîne les grands films, toujours sous la direction de Visconti : déguisé en Marlene Dietrich dans Les Damnés en 1969, homosexuel et “aliéné” dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux en 1972, ou encore jeune gigolo dans Violence et Passion en 1974, Berger prend du galon et gagne en notoriété. Parallèlement, il tourne avec d’autres réalisateurs de renom comme par exemple Vittorio De Sica, dans Le Jardin des Finzi Contini en 1970.
L’après Visconti
Après la mort de Visconti en 1976, Helmut Berger traverse une période difficile : anéanti par la perte de celui qu’il considère comme son “mari”, comme il le confiera plus tard dans son autobiographie, l’acteur connaît des problèmes d’addiction à la drogue et à l’alcool. De plus, très marqué par les rôles ambigus qu’il avait l’habitude d’incarner, sa carrière cinématographique stagne et il se retrouve cantonné à jouer des personnages sexuellement dérangés, ou encore drogués, en se glissant dans la peau de Dorian Gray, de gigolos en tout genre (Une Anglaise romantique de Joseph Losey en 1975, Dynastie en 1980, etc.) ou encore en reprenant, dans Ludwig 1881 (1993), le rôle de Louis II de Bavière qui l’avait fait exploser dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux en 1972.
Un rôle chez Coppola
Personnalité cinématographique emprunte de décadence, célèbre interprète de personnages sulfureux, Berger finit par être victime de son image d’acteur “pervers”, et se voit contraint de s’illustrer dans des films érotiques ou bien dans des caricatures de ce qu’il interprétait déjà sous la direction de Luchino Visconti. A partir des années 1980, Berger se fait plus discret au cinéma. Il apparaît brièvement dans Le Parrain, 3e partie de Francis Ford Coppola en 1990, mais il se limite désormais le plus souvent à de petits rôles dans des séries télévisées. Récemment, il a tourné dans deux films allemands du réalisateur Peter Kern, à savoir Blutsfreundschaft en 2009 et Mörderschwestern en 2011.
Récompensé en 2007 par un Teddy Award pour l’ensemble de sa carrière, il rend dans son autobiographie un ultime hommage à son amant, puisqu’il attribue le crédit de ses qualités d’acteur aux talents de direction de Luchino Visconti.
La bande-annonce des Damnés de Visconti :