Une “panne massive” a touché pendant une heure, mercredi 21 août, les messageries Telegram et WhatsApp en Russie, a rapporté le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor, selon qui “une attaque” informatique était à l’origine de cet “incident” rare. Le gendarme des télécoms assure dans un communiqué que ces perturbations étaient liées à “une attaque DDoS contre les opérateurs russes de télécommunications”.
Les attaques DDoS, “par déni de service”, sont une méthode relativement simple qui consiste à mettre en panne un système en le submergeant de requêtes. “A 15 heures [heure locale], l’attaque a été repoussée et les services fonctionnent normalement”, a affirmé Roskomnadzor, qui n’a pas identifié l’auteur de cette cyberattaque. Un tel incident informatique est rare en Russie.
Mais cette version officielle est déjà mise en cause par des experts indépendants. “Ce scénario ressemble à celui de 2018, lorsque la censure a tenter de bloquer Telegram”, relève Sarkis Darbinyan, avocat spécialiste du numérique et co-fondateur de l’ONG Roskomsvoboda, contacté par franceinfo. D’autres services ont commencé à tomber, comme WhatsApp, Discord, Skype et une centaine d’autres. Cela a même touché le site sboy.rf [un service pourtant conçu pour surveiller les problèmes de fonctionnement d’autres services internet] et celui de CMU, filiale de Roskomnadzor, censée protéger l’espace numérique souverain de Runet “.
Le Kremlin renforce sa mainmise sur le numérique
Tous ces services ont-ils pu subir des attaques DDos au même moment ? Difficile à croire, pour Sarkis Darbinyan, qui met donc en doute la version de l’agence officielle. “Cela ressemble davantage à un test des systèmes TSPU [un broyeur de censure numérique] réalisé de manière centralisée par Roskomnadzor lui-même, poursuit-il. En 2018, le blocage de Telegram [jusqu’à 2020 en Russie] avait montré qu’à l’époque, Roskomnadzor ne disposait pas encore d’une telle capacité technologique. Aujourd’hui, il a déployé cette capacité technologique et tente de la peaufiner afin qu’elle fonctionne pour restreindre l’accès aux réseaux sociaux et aux messageries.”
Depuis le début de son assaut en Ukraine en février 2022, le Kremlin a considérablement renforcé sa mainmise sur le secteur numérique, fortement affecté par les sanctions occidentales. Le pouvoir russe a également accentué son contrôle sur l’internet, interdisant nombre de sites et réseaux sociaux occidentaux où les détracteurs du Kremlin pouvaient s’exprimer librement, à l’instar de Facebook, Instagram et X. “La seule solution efficace pour restaurer l’accès à l’information reste les VPN et les proxys pour les messageries, précise Sarkis Darbinyan. La demande, d’ailleurs, semble avoir augmenté.”
Cet épisode intervient alors que la plateforme YouTube pâtit en Russie, depuis deux semaines, de forts ralentissement qui compliquent son accès. En mars 2022, Roskomnadzor avait accusé la plateforme et Google, son propriétaire, d’activités “terroristes”.
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