Amazonie : ce que l'on sait de la découverte de cités datant de 2 500 ans, qui efface le mythe d'une forêt vierge
Amazonie : ce que l'on sait de la découverte de cités datant de 2 500 ans, qui efface le mythe d'une forêt vierge

Amazonie : ce que l'on sait de la découverte de cités datant de 2 500 ans, qui efface le mythe d'une forêt vierge

Une découverte qui témoigne d’un monde disparu. Une étude internationale parue dans la revue américaine Science, jeudi 11 janvier, révèle l’existence du “plus grand réseau urbain d’éléments érigés et creusés connu en Amazonie”.

Les traces de présence humaine dans une vallée de la plus grande forêt tropicale du monde sont désormais incontestables. Franceinfo résume ce que l’on sait de cette exploration, qui efface le mythe d’une forêt vierge.

Des fouilles entamées il y a plus de vingt ans

Pas de hasard derrière cette découverte. Neuf spécialistes signent l’article paru jeudi. Leurs recherches ont été dirigées par le scientifique français Stéphane Rostain, qui planche sur le sujet depuis plus de vingt ans. “Quand j’ai commencé à m’intéresser à l’Amazonie, on a essayé de me faire changer de cap pour des régions plus sérieuses, comme le Guatemala, le Mexique… Mais moi, je suis Breton. Je suis têtu. J’ai continué”, relate ce pionnier de l’archéologie amazonienne auprès du journal Le Parisien. Il orchestre ainsi les fouilles menées dans la jungle de la vallée de l’Upano, en Equateur, depuis deux décennies. 

Au-delà de la patience, des technologies d’investigation de pointe ont joué un rôle déterminant dans cette découverte : en 2015, l’analyse par un capteur appelé Lidar a révélé la présence de 6 000 monticules sur une zone de 300 kilomètres carrés. Ce laser aéroporté permet de voir à travers la forêt et de détecter avec précision les reliefs du sol.

Une rue principale traversant une zone urbaine a ainsi pu être mise au jour sur les images, créant l’effervescence chez Stéphane Rostain : “Les bras m’en sont tombés. A chaque fois que je regarde ces images, je suis stupéfait“, s’enthousiasme-t-il dans les colonnes du Monde.

Des sites habités par le peuple Upano pendant un millénaire

Les scientifiques ont constaté que les lieux d’habitation apparaissent majoritairement par groupes de trois à six unités. Seulement, en 2015, impossible de savoir comment ces lieux s’articulent entre eux. C’est là la véritable révolution de l’article paru jeudi : des capteurs laser ont permis d’établir une cartographie montrant que ces sites s’intègrent en fait au sein d’un vaste réseau de colonies et de routes de liaison.

La période durant laquelle ils ont été habités est approximative : entre 500 avant J.-C. et 300 à 600 après J.-C. C’est le peuple Upano, dont la population est estimée à une dizaine de milliers d’habitants, qui occupait ce vaste réseau urbain. Un co-auteur de l’étude, Antoine Dorison, évoque même le chiffre de 15 000 ou 30 000 habitants à l’apogée de cette civilisation. Une densité comparable à la population estimée de Londres à l’époque romaine, dont cette culture était contemporaine, écrit BFMTV. 

Une vie construite autour de l’agriculture

Entre les domaines habités, les chercheurs ont identifié plusieurs espaces de culture. Ceux-ci prennent la forme de parcelles connectées à des canaux de drainage, potentiellement pour désengorger les sols. Cette configuration fait dire aux scientifiques que le peuple Upano faisait preuve d’une expertise agricole conséquente. Des résidus d’amidon retrouvés sur des céramiques mises au jour ont été analysés : le résultat a mis en évidence la consommation de maïs, de haricots, de manioc et de patates douces. 

José Iriarte, archéologue à l’université d’Exeter (Royaume-Uni), attire également l’attention sur leur savoir-faire artisanal, dans un article du magazine Tech and Science Post : “Les Incas et les Mayas construisaient en pierre, mais les habitants d’Amazonie n’avaient généralement pas de pierre disponible pour construire – ils ont construit avec de la boue. Cela représente encore une quantité de travail immense”. Plusieurs mystères restent cependant encore à percer, notamment la raison de la disparition de cette civilisation durant le VIe siècle.

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