Avec "Les Promesses", Amanda Sthers adapte son propre roman à l'écran. Le film porté par Pierfrancesco Favino et Kelly Reilly sort ce mercredi au cinéma.
Après avoir adapté sur grand écran son roman “Les Terres Saintes” en 2019, l’auteure, scénariste et réalisatrice française Amanda Sthers revient avec Les Promesses, également adapté d’un de ses ouvrages.
Paru en 2015 aux Éditions Grasset, le livre raconte l’histoire d’un homme, à travers les périodes charnières de sa vie.
Alors qu’il a quarante ans, Alexander, de son vrai prénom Alessandro, un bouquiniste vivant à Londres tombe follement amoureux de Laura mais il est marié et incapable de changer de vie. Cette histoire, qui ne bascule jamais dans la réalité, l’accompagnera durant toute son existence. Entre son adolescence anglaise et son enfance italienne sous l’œil de son riche et autoritaire grand-père, les joies et les traumas qui les jalonnent nous éclairent sur les routes qu’Alexander ne prend pas et avec lui nous nous posons tous l’éternelle question : que se serait-il passé si… ?
Les Promesses
Sortie :
9 août 2023
|
1h 54min
De
Amanda Sthers
Avec
Pierfrancesco Favino,
Kelly Reilly,
Jean Reno
Presse
2,9
Spectateurs
3,3
Séances (98)
Pour Amanda Sthers, adapter son propre roman n’est pas toujours chose aisée. Elle explique ainsi dans le dossier de presse: “Pour pouvoir adapter un roman, il faut être capable d’en garder l’essence mais d’en trahir le contenu. Donc c’est très compliqué quand c’est votre propre travail. Je pense que ça a été plus simple avec Les Promesses car il s’est passé un long moment avant que je m’en empare en pensant à un film.”
Pour son adaptation cinéma, la romancière a confié le rôle du héros à l’italien Pierfrancesco Favino, la britannique Kelly Reilly incarne Laura, Jean Reno est le grand-père autoritaire d’Alexander tandis que Léon Hesby (le fils d’Amanda Sthers et de Patrick Bruel), qui fait ses premiers pas à l’écran, incarne Alexander adolescent.
A la recherche du temps perdu
Le long métrage, monté de manière non linéaire, se déroule à différentes époques.
Dès le début du film, Alexander évoque le livre de Marcel Proust “A la recherche du temps perdu“, et c’est bien là tout le sujet du film. Lors d’une discussion, un bouquiniste évoque le temps qui passe et émet l’hypothèse que le temps n’est pas linéaire mais fonctionne comme une spirale.
Avec ses nombreux sauts dans le temps et les parallèles faits entre des scènes passées et présentes, Amanda Sthers réorganise les événements de la vie de son héros. Une construction qui permet de mieux comprendre ses décisions et qui oblige le spectateur à être actif. Il n’est jamais précisé à quelle époque l’action du film se déroule, le spectateur doit donc rester attentif s’il veut recréer une certaine linéarité dans l’histoire. Pour autant, vous n’êtes jamais véritablement perdu puisque les 4 époques évoquées sont bien espacées. Alexander change donc physiquement.
Des époques filmées différemment
Mais Amanda Sthers a également retranscrit les différentes époques dans sa manière de filmer puisqu’elle a utilisé diverses techniques. Elle explique ainsi : “Avec mon chef opérateur Marco Graziaplena, nous avons mis en place une sorte de charte qui suivait l’écriture du roman. Les Promesses est déjà un livre à la forme particulière puisqu’il suit trois temporalités : le présent, quand Alessandro rencontre Laura, le passé quand nous revenons sur les traumas de son enfance et le futur conditionnel qui donne ce sentiment de nostalgie immédiate et de peur des mauvais choix…
A l’image nous avons retranscrit cela avec l’enfance au steadicam, tout paraît souple, fluide… Et quand il y a des drames, soudain, on passe à l’épaule… C’est saccadé, c’est dur, c’est l’âge présent, l’âge adulte. Enfin, le futur, la vieillesse est filmée de manière plus classique, des dollys sur des rails, des caméras fixes, des plans plus lents, plus bas, on est assis. On se déplace doucement…. J’ai eu la chance enfin d’avoir un monteur hors norme, Cristiano Travaglioli qui a encore réécrit avec moi. Il travaille avec Paulo Sorrentino, c’est un grand cinéphile et il fait une utilisation de la musique démente et inhabituelle.”
Un prothésiste de renom
Si Alexander est incarné par 3 comédiens différents (enfant, adolescent et adulte), il a tout de même fallu grimer Pierfrancesco Favino, Kelly Reilly, Kris Marshall et Deepak Verma pour les scènes où ils sont âgés.
Et pour ce faire, la cinéaste a fait appel à Lorenzo Tamburini, qui a notamment travaillé avec Matteo Garrone pour Dogman et Pinocchio, Luca Guadagnino sur Suspiria et Marco Bellocchio pour Le Traître avec Pierfrancesco Favino.
La réalisatrice explique : “J’ai eu la chance de travailler avec une équipe extraordinaire. Lorenzo Tamburini est une star des prosthétiques. Les Italiens sont connus mondialement pour cela et leurs travaux sur les perruques (Massimo Gatabrusi sur mon film). J’ai décalé le tournage d’une semaine pour être complètement satisfaite du résultat qui passe aussi par un travail sur la lumière et l’exigence de mon chef opérateur Marco Graziaplena.”
Tourné à Rome pendant le confinement, Les Promesses a fait la tournée des festivals et a été présenté en avant-première au Festival du Film Romantique de Cabourg. Le long métrage est actuellement en salles.