Animation et écologie : le film produit par Leonardo DiCaprio sur les changements climatiques s’adresse aux futures générations
Animation et écologie : le film produit par Leonardo DiCaprio sur les changements climatiques s’adresse aux futures générations

Animation et écologie : le film produit par Leonardo DiCaprio sur les changements climatiques s’adresse aux futures générations

Le réalisateur espagnol Rodrigo Blaas était cette année au Festival d'Annecy pour présenter "Ozi, la voix de la forêt", un long métrage écologique produit par Leonardo DiCaprio.

Son parcours dans l’animation lui a permis de travailler sur d’emblématiques longs métrages, tels que L’Âge de glace, Wall-E ou encore Ratatouille. Collaborateur de Guillermo del Toro durant plusieurs années (notamment sur la série Trollhunters), Rodrigo Blaas fait l’objet cette année d’une double actualité.

Les fans de l’univers Star Wars ont pu découvrir le 4 mai dernier son épisode Sith dans la deuxième saison de l’anthologie Star Wars Visions. Mais le réalisateur espagnol est également invité par l’édition 2023 du Festival d’Annecy pour évoquer Ozi la voix de la forêt, dont il a imaginé l’histoire.

Ce film suit l’histoire d’une jeune orang-outan Ozi, capable de communiquer avec les hommes grâce au langage des signes. Sa “voix” va lui permettre d’alerter le monde sur la déforestation et la destruction de sa jungle natale.

Divertissant dans la forme et engagé dans le fond, Ozi la voix de la forêt est notamment produit par Leonardo DiCaprio, en association avec le légendaire producteur Mike Medavoy (le co-fondateur de la compagnie Orion Pictures).

Une association de talents au service d’un film, ou plutôt d’un message, celui d’un monde gravement impacté par les changements climatiques.

Ozi, voice of the Forest

De
Tim Harper

Avec
Amandla Stenberg,
Laura Dern,
Djimon Hounsou

Comment vous est venue l’idée du film ?

Rodrigo Blaas : Ce projet était déjà en développement depuis un moment quand je l’ai rejoint, il y a trois ans. Les producteurs étaient à la recherche de nouvelles idées, mais l’envie d’évoquer les changements climatiques était déjà présente dans l’histoire. Je me suis donc documenté pour en apprendre davantage sur le sujet, mais également pour comprendre quels changements nous pouvons entreprendre pour changer cela.

J’ai réécrit l’histoire, puis j’ai échangé avec le scénariste principal du film Ricky Roxburgh afin de mettre en place ce concept de “voix”, mais également pour adopter le point de vue d’un orang-outan sur le sujet de la déforestation.

Les orangs-outans sont connus pour leur intelligence, c’est l’animal qui se rapproche le plus de l’homme. Mais est-il vraiment possible qu’un orang-outan puisse communiquer avec nous grâce à la technologie et au langage des signes ? Ces questions que nous nous sommes posés ont été le point de départ qui a ensuite donné naissance au film.

Le film ne dépeint pas un monde binaire avec des gentils et des méchants, l’intrigue est beaucoup plus complexe et n’apporte aucun jugement sur les différents personnages du récit.

Était-il important pour vous d’adopter une approche la plus réaliste possible ?

Il était très important que chaque personnage ait un point de vue, car je pense que la question du changement climatique est quelque chose de très compliqué à aborder. Notre but a donc été de simplifier cela, pour que notre film soit très divertissant et pour qu’un maximum de personnes se sentent touchés par son histoire.

Le plus difficile en tant que scénariste a été de se mettre dans la peau d’un orang-outan pour adopter son point de vue, mais il fallait également épouser celui d’une activiste dont le travail consiste à sauver les singes de la déforestation – ce personnage est d’ailleurs inspiré d’une vraie femme, le docteur Karmele Llano Sánchez.

Au final, mon but a été d’essayer de prendre en compte tous les points de vues pour comprendre quelle pourrait être la solution idéale. Et ma conclusion est finalement simple, et peut-être un peu naïve : comment parvenir à rendre la préservation des forêts rentable pour les entreprises ?

Ozi, la voix de la forêt est un film familial, adressé notamment au jeune public. Quel message voulez-vous adresser à la nouvelle génération qui va découvrir le film et qui façonnera le monde de demain ?

Avec Ozi, nous n’avons pas voulu nous adresser uniquement aux jeunes qui deviendront des activistes, mais nous avons également voulu que ce film s’adresse à ceux qui deviendront des patrons d’entreprise ou des politiciens.

Notre monde vaut vraiment la peine d’être sauvé du désastre qui s’annonce. L’humain est un être très paradoxal, car nous adorons notre planète et pourtant nous sommes directement responsables de sa destruction.

Ce sont des questions complexes, et c’est en partie ce que nous avons voulu aborder avec ce film. Notre espoir est que les gens iront voir ce film en famille, et pourront ensuite aborder avec leurs enfants toutes ces questions. Il n’y a pas de solution facile, ni de solution rapide, mais il faut déjà qu’il y ait un éveil collectif sur ces questions.

Nous avons eu la chance d’être soutenu par un producteur de la trempe de Leonardo DiCaprio. C’est quelqu’un de très inspirant, qui n’hésite pas à mettre sa voix au service de films comme Ozi pour mettre en lumière ces problèmes, et pour proposer des solutions.

De nombreuses personnalités portent ces sujets : le docteur Karmele Llano Sánchez, David Attenborough… Ce sont des voix qui nous montrent ce que nous sommes capables d’accomplir, à condition bien sûr de commencer à changer nos priorités.

Est-ce que selon vous l’animation est le meilleur format pour aborder ces thématiques ?

Les deux plus gros problèmes auxquels nous faisons face actuellement sont : l’Intelligence Artificielle et les changements climatiques. L’animation est le format idéal pour simplifier la narration lorsque l’on veut aborder ces sujets à l’écran.

Grâce à l’animation, il est plus facile de faire s’exprimer ce type de personnage. Cela a été le cas avec Wall-E, et même avec Bambi. Bambi a été fait il y a près d’un siècle, et pourtant son message est toujours pertinent. Le chemin est encore long à parcourir, mais les équipe d’Ozi – qui est un film indépendant – ont fait un travail formidable pour porter ces messages.

Le message de Wall-E est plus actuel que jamais, et c’est incroyable ce qu’est parvenu à faire Bambi : après la sortie du film, la pratique de la chasse a baissé de 50 %! Un film peut changer le regard du public, et l’animation est en effet le meilleur format pour raconter ces histoires.

Le refus de classer vos personnage dans les camps du bien et du mal est un aspect également présent dans votre court métrage Sith, dans la saison 2 de Star Wars Visions…

J’aime quand un personnage évolue au fur et à mesure de l’intrigue. Mes personnages apprennent des choses, et ces leçons entraînent des changements en eux. C’est une comparaison intéressante, je n’avais pas pensé à cette connexion entre Ozi et Sith mais maintenant que vous me le dites, je vois effectivement un lien entre ces deux films qui parlent tous les deux d’une volonté de changement.

Pour moi, Ozi est l’histoire d’une petite fille qui cherche à faire changer de point de vue ses parents, elle cherche en quelque sort à les “éveiller”. On a tous en mémoire cette période de notre jeunesse lorsque nous voulions changer les choses. Et je pense que c’est un sentiment qu’il est important de garder à l’âge adulte.

C’est le message au final porté par Ozi : notre maison est en feu, comment allons-nous faire pour la préserver ? C’est un cliché, mais c’est également une vérité : une voix peut parfois suffire à changer la face du monde.

PODCAST avec Julien Chheng, le réalisateur français de Star Wars Visions !

Quid de douze voix ? Car la particularité de la saison 2 de Star Wars Visions a été de mettre en scène des héroïnes féminines, sans que les cinéastes et le studio ne se soient consultés. Est-ce le signe d’un véritable changement dans l’industrie des franchises ?

Notre société est en plein bouleversement. Je suis moi-même père de deux filles, qui sont très impliquées dans la défense de sujets dont j’ignorais jusqu’à l’existence quand j’avais leur âge. Voir des fillettes de six et huit ans s’intéresser à ces sujets, et chercher des solutions pour les résoudre, est quelqu’un chose de très inspirant.

Pour Sith, je me suis inspiré d’un film qui m’a énormément marqué : Alien de Ridley Scott. J’aime l’évolution de Ripley, d’un simple personnage secondaire de l’équipage elle évolue considérablement pour devenir un personnage totalement différent de ce qu’elle était au début du film.

Avec Sith, j’ai voulu suivre une évolution de ce type. J’ai testé les limites de l’animation et du format court, pour voir s’il était ou non possible de mettre en scène ce type d’évolution narrative.

Le film d’animation Ozi, le voix de la forêt sortira sur nos écrans courant 2024.

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