Au début des années 90, une Origin Story sur Godzilla revue et corrigée à la sauce hollywoodienne devait voir le jour, avant même le film de Roland Emmerich sorti en 1998. Un projet intéressant, qui sera finalement débranché…
L’industrie hollywoodienne a-t-elle trouvé une nouvelle martingale avec Godzilla ? Depuis le plutôt solide Godzilla signé par Gareth Edwards en 2014, le plus fameux monstre géant du cinéma, création nippone à l’origine, -qui vient d’ailleurs de briller tout récemment avec le formidable Godzilla Minus One-, n’en finit pas de poser ses grosses pattes énervées à l’écran, avec plus ou moins de bonheur : Godzilla 2 – Roi des monstres, le cross over Godzilla x Kong à venir, Godzilla Vs Kong, la série Monarch : Legacy of Monsters…
De quoi sans doute contribuer toujours un peu plus à anesthésier le mauvais souvenir du Godzilla livré par Roland Emmerich en 1998, qui avait certes rapporté 379 millions de dollars dans le monde mais reste unanimement considéré comme un échec artistique. Tellement que la licence fut mise en sommeil durant des années.
En réalité, un autre projet bâti autour de Godzilla était en préparation avant le film d’Emmerich, au début des années 90, comme le révèle un passionnant article publié sur le site de Collider. Une Origin Story radicalement différente du film de 1998, signée qui plus est par un réalisateur qui sera auréolé du succès de son premier film en tant que metteur en scène : Jan de Bont.
En octobre 1992, TriStar Pictures annonçait avoir sécurisé les droits de la licence pour en faire une adaptation revue et corrigée à la sauce hollywoodienne. L’idée était quand même d’aller vite : le premier tour de manivelle était prévu pour la fin de l’année 1993, avec une sortie en salle visée pour 1995.
Le réalisateur de Speed aux commandes
En juillet 1994, le studio annonça avoir trouvé le réalisateur qui coifferait ce projet : Jan de Bont. A cette époque, le futur réalisateur de Speed et Twister était surtout connu pour être un directeur de la photographie très réputé, collaborateur de longue date de Paul Verhoeven ou John McTiernan. C’est à lui que l’on devait la photo de Piège de cristal, Basic Instinct, A la poursuite d’Octobre rouge, Black Rain de Ridley Scott, L’Arme fatale 3… En clair : une référence dans son domaine.
Dans un merveilleux téléscopage de calendrier, Jan de Bont venait justement d’être propulsé au sommet du Box office avec Speed, sorti en juin sur les écrans américains. De quoi conforter TriStar Pictures d’avoir trouvé LE réalisateur capable de mettre en boîte cette adaptation.
Le légendaire maquilleur et créateur d’effets spéciaux Stan Winston commença à travailler sur différentes itérations du monstre Godzilla, ainsi que d’autres monstres prévus, car la créature ne serait pas seule. Il fut ainsi décidé que, contrairement aux opposants connus de la créature, une nouvelle verrait le jour; un monstre ailé baptisé Gryphon.
Une nouvelle Origin Story devait aussi servir d’écrin. Exit la naissance de Godzilla des suites des essais nucléaires, qui sont l’ADN de la licence. Dans ce nouveau film, le monstre devait être une création des habitants de la mythique cité d’Atlantide, destinée à combattre la créature ailée Gryphon.
Click Here: maori all blacks rugby jerseyUn projet débranché… Dès 1994
Le projet de film fut pourtant débranché très rapidement; dès la fin de l’année 1994 en fait… Que s’est-il passé ? Dans une interview accordée au site Polygon en 2020, le cinéaste a donné des éléments de réponses : le budget largement gonflé par les effets visuels et spéciaux.
“C’est devenu une bataille sur le budget. Donc la personne qui a fini par faire le film [NDR : il parle de Roland Emmerich] a dit qu’il pourrait le faire pour environ 40 à 50 millions de dollars de moins que mon budget. Le mien coûtait, je pense, environ 100 millions de dollars. Bien sûr, cela n’arrive jamais – et son film a fini par coûter presque deux fois plus que mon budget. Malheureusement, ils l’ont cru”. Le budget du film de Emmerich sera effectivement estimé à 130 millions de dollars, hors budget marketing, comme toujours…
“Les scénaristes que j’avais étaient fantastiques, le script était tellement bon. J’étais resté fidèle aux vieux films de Godzilla. […] On était allé vraiment loin dans la pré-production : repérage des lieux de tournage, design des décors… Et puis ils ont vu le budget. “Ah non, on ne va pas dépenser autant pour un film sur Godzilla. Au final ils en ont dépensé près du double [pour le film de Emmerich]”.
Jan de Bont livrera en septembre 2022 à Yahoo Movies, toujours à propos de son Godzilla mort-né, une savoureuse anecdote : la créature devait être jouée… par un homme en costume ! “C’était un mec en costume ! C’était tellement génial. Il y avait quelque chose d’humain dans ses mouvements. Le gars en costume transpirait comme un cochon, nous disant qu’il perdait un kilo par minute parce que le costume en caoutchouc pesait plus de 50 Kg… Il nous disait qu’il ne pouvait faire qu’une seule prise à la fois”.