Crise climatique : une canicule invisible va provoquer une hécatombe d'espèces marines dans l'océan Atlantique, alertent des scientifiques
Crise climatique : une canicule invisible va provoquer une hécatombe d'espèces marines dans l'océan Atlantique, alertent des scientifiques

Crise climatique : une canicule invisible va provoquer une hécatombe d'espèces marines dans l'océan Atlantique, alertent des scientifiques

Moins spectaculaire que les incendies au Canada, mais pourtant destructrice. La canicule inédite qui frappe actuellement les eaux de l’Atlantique va provoquer, selon des scientifiques, une hécatombe d’espèces marines, notamment des coraux et des invertébrés. “Mais comme cela se produit sous la surface de l’océan, ça passera inaperçu”, regrette Daniela Schmidt, professeure en sciences de la Terre à l’université de Bristol (Royaume-Uni), citée par le Science Media Centre britannique.

Entre les mois de mars et mai, la température moyenne à la surface des océans a atteint un record absolu en 174 ans de mesures, dépassant de 0,83°C la moyenne du XXe siècle, selon les données de l’administration océanographique américaine. Ce phénomène extrême est susceptible de se répéter avec l’aggravation du réchauffement climatique.

“Ça va extrêmement vite”

Cette vague de chaleur marine, avec une température dépassant 23°C dans l’Atlantique Nord, ne surprend pas complètement les scientifiques, qui savent que les océans absorbent 90% de la chaleur générée par l’effet de serre. “Ce qui est une surprise, c’est que ça va extrêmement vite”, relève cependant Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherches au CNRS et corédacteur d’un rapport du Giec.

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce phénomène extrême, comme la réduction des poussières sahariennes transportées par le vent ou celle des émissions de soufre des navires. Ces deux types d’aérosols ont en temps normal un effet refroidissant sur l’atmosphère.

Lors des canicules en Méditerranée, une cinquantaine d’espèces (coraux, gorgones, oursins, mollusques, bivalves, posidonies, etc.) ont été affectées par des “mortalités massives entre la surface et 45 mètres de fond”, selon Jean-Pierre Gattuso. D’autres vont plutôt migrer vers les pôles. “Les eaux de la Norvège et de l’Islande vont par exemple devenir plus poissonneuses”, au détriment des pays de la zone intertropicale, selon le chercheur.

“Tout n’est pas perdu”

En se réchauffant, l’océan, qui capte un quart du CO2 émis par l’homme, pourrait même, à terme, perdre en partie son rôle de pompe à carbone. Cela aurait alors “un effet amplificateur sur le réchauffement atmosphérique”, souligne Juliette Mignot, océanographe à l’IRD (Institut de recherche pour le développement), en évoquant un “point de bascule”.

D’ici à la fin du siècle, le Giec prévoit une multiplication par 50 de la fréquence de ces canicules océaniques dans son scénario le plus pessimiste, avec des épisodes dont l’intensité sera multipliée par dix. Mais “on peut limiter les dégâts”, rassure Jean-Pierre Gattuso. “Si les émissions de gaz à effet de serre suivent une trajectoire compatible avec l’accord de Paris, on peut complètement stopper le réchauffement et l’acidification de l’océan”, assure-t-il. “Tout n’est pas perdu.”

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